DUFRESNE David
Une instruction qui s’étire, des dossiers qui disparaissent dans l’enceinte même du palais de justice de Paris, et, au coeur de l’ensemble: l’Eglise de scientologie. L’affaire est aiguë. Hier, la chambre d’accusation de la cour d’appel était chargée de dépêtrer la justice du sale cafouillage.
Une audience à huis clos. Un drôle de climat, loin des débuts de l’affaire. En mars 1989, celle-ci démarre en effet sur « les chapeaux de roue », au dire d’un avocat des parties civiles. Suite à la plainte pour escroquerie déposée contre X par Juan Esteban Cordero, un étudiant équatorien de 22 ans qui aurait englouti 1 million de francs dans la secte, la juge Marie-Paule Moracchini multiplie saisies et mises en examen, bientôt au nombre de dix-sept. Les plaintes, aussi, s’additionnent: neuf au total. Parmi elles, celle de Didier Lerouge, commerçant, qui s’est retrouvé sur la paille quelques mois après son entrée dans l’Eglise de scientologie. Quatre ans plus tard, le dossier semble ficelé, prêt à être jugé. Comme en témoigne le rapport de synthèse de la PJ, transmis au juge le 18 mai 1993, selon l’Evénement du jeudi en date du 5 novembre 1998. L’inspecteur Biagotti y pointe les « activités commerciales » de la scientologie, l’argent qui circulerait « vers les Etats-Unis via le Luxembourg et le Danemark », et conclut que les « délits d’extorsion de fonds et d’exercice illégal de la médecine pourraient être retenus ». Mais voilà, raconte Nicolay Fakiroff, avocat de Cordero: « A partir de 1993, il ne se passe plus rien. D’un coup, c’est le rideau. » A son grand étonnement: la réputation de rigueur de la juge Moracchini n’est en effet plus à faire. Qui plus est, lâche l’avocat, « avec elle, on est en présence d’un juge qui n’a pas froid aux yeux ».
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