Nicolay Fakiroff

Difficultés pour marcher, problème d’audition, mise sous tutelle, la majorité de prévenus aux cheveux blancs a bien vieilli depuis les années 1987-1993, époque à laquelle remonte essentiellement cette affaire dans laquelle tous les hommes politiques un temps impliqués ont bénéficié de non-lieux ou d’annulations de procédures.

Trop petite, la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris s’était déplacée dans la « Salle des Criées », plus grande. Mais les prévenus et leurs avocats, en tout une centaine de personnes, étaient quand même bien serrés pour écouter pendant trois heures l’énonciation des faits reprochés.

Une litanie de chiffres et de fausses factures

Abus de biens sociaux, trafic d’influence… un par un, ces anciens chefs d’entreprises de BTP ou responsables de l’Office HLM de Paris (OPAC) ont entendu le président, relayé par ses deux assesseurs pour reprendre son souffle, énumérer comme une litanie de numéros et de montants de fausses factures présumées.

Autant de preuves, selon l’accusation, de l’existence de pots-de-vin que les entreprises devaient verser à des intermédiaires pour pouvoir obtenir des contrats auprès de l’office HLM le plus gros de France.

Le plus médiatisé des intermédiaires, le « consultant » Jean-Claude Méry, est aujourd’hui décédé. Mais son nom n’a cessé de résonner en tant que responsable de sociétés qui facturaient de « faux services » aux entreprises. En revanche, Jackie Chaisaz, dont la société CIA notamment se faisait aussi payer par les mêmes entreprises, devra s’expliquer lors des audiences prévues jusqu’en avril.

Comme un leitmotiv, au milieu des millions de francs incriminés, l’acte d’accusation a aussi égrené les dons des sociétés de BTP au modeste « Centre d’art contemporain de Meymac », petite ville de Corrèze dont le maire n’était autre que le RPR Georges Perol, directeur de l’Opac, autre prévenu.

Le sentiment d’être des boucs émissaires

En revanche, ni Michel Roussin, ancien directeur de cabinet de Jacques Chirac à la mairie de Paris, ni Robert Pandraud, ex-président RPR du conseil régional d’Ile-de-France, ni surtout Jean Tiberi, ancien maire de Paris et président de l’Opac ne seront à la barre, ayant bénéficié d’annulations ou de non-lieux.

« Les personnes poursuivies se sentent seules et ont le sentiment qu’elles sont les boucs émissaires de poursuites qui avaient des finalités autres », a d’ailleurs assuré Me Lef Forster, avocat de Jacky Chaisaz.

« Ce procès compte de grands absents, je crains que cette montagne n’accouche d’une souris », a renchéri Me Nicolay Fakiroff, défenseur d’un ancien dirigeant de l’Opac, Roger Roy.

En marge de l’audience, le Parti socialiste a, de son côté, estimé qu’on allait vers un « procès tronqué », renouvelant sa demande d’un statut pénal du chef de l’État.

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