DUFRESNE David
La déclaration est signée Elisabeth Guigou, ministre de la Justice: «D’après les conclusions de l’inspection générale des affaires judiciaires, l’hypothèse la plus probable est que ces dossiers ont disparu de façon frauduleuse. J’ai donc dénoncé les faits au parquet de Paris, qui a ouvert une enquête.» Mauvaise nouvelle pour la Scientologie. Les dossiers disparus en question sont ceux de l’instruction, menée depuis 1989 à Paris contre plusieurs de ses membres, pour «escroquerie» et «exercice illégal de la médecine». L’affaire remonte à octobre 1998, quand les parties civiles s’aperçoivent qu’un tome et demi, sur les dix de l’instruction, ont disparu au palais de justice de Paris. Et qu’aucune copie du dossier n’a été effectuée, malgré ce qu’exige la loi. Stupeur dans leurs rangs, et colère chez les scientologues qui crient leur innocence et plaident, déjà, la prescription.
Depuis, c’est le branle-bas de combat judiciaire. Actions de part et d’autre des parties, recours, l’Etat condamné en janvier pour «faute inexcusable»: les épisodes se multiplient. Jusqu’à la déclaration, hier, de la ministre. Une déclaration qui a tardé, il est vrai. Selon nos informations, l’inspection générale des affaires judiciaires lui aurait en effet remis un premier rapport il y a quelques mois déjà, complété depuis peu par de nouvelles investigations. Qu’importe le timing, Guigou a promis hier de prendre «très rapidement des décisions concernant d’éventuelles mesures disciplinaires». Et à son cabinet on est quelque peu plus précis. C’est la juge Marie-Paule Moracchini, en charge de l’instruction sur la secte, qui pourrait être visée. Entre autres griefs: sa gestion peu méticuleuse du dossier. L’affaire est d’importance: la magistrate dirige à Paris le bureau 101, celui qui désigne les juges d’instruction pour les affaires pénales (hors pôle financier). Voilà pour l’aspect administratif.
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